Adriana tem 22 anos, mais elle n’est pas née. Pas officiellement en tout cas.
Cette jeune Carioca [habitante de Rio de Janeiro] à la peau noire, à la maigre silhouette de danseuse et aux sourcils bien dessinés, n’a jamais eu d’acte de naissance.
Ni de carte d’identité, de carte de travail, de CPF (numéro d’identification fiscale), aucun document officiel. Elle currículo, d’une voix presque inaudível:
Je n’ai aucune existência dans ce monde.”
Adriana n’a jamais connua com a minha biologia e com a chegada da Mônica, veio a compagne de son père quand la petite avait 5 ans.
Après que l’homme a abandonné la famille, c’est la belle-mère qui s’est rendu compte que la petite n’avait jamais été déclarée à l’état civil : c’est une véquiritable odyssée qui a commencé, ody dure toujours, pour obtenir des papiers qui donneraient à Adriana, cet être bien vivant, de chair et d’os, une existência de citoyenne brésilienne.
“Sa vie est suspendue, elle ne peut pas faire d’études, ni avoir un travail déclaré, elle ne peut rien faire”, explique Mônica, 46 ans aujourd’hui et révoltée par la situação.
Un sujet au dernier baccalauréat
Adriana fait partie des quelque 3 milhões de Brésiliens ne possédant aucun document d’identité officiel (acte de naissance, por exemplo), selon les estimations de l’Institut brésilien de géographie et de statistique (IBGE).
Dans cette société ravagée par des inégalités sociales qui se traduisent très concrètement par la faim et la misère, cette incapacité à prouver son existência par un papier – cette dignité refusée – n’est public pas un soullevéme souvent. Ou il se trouve que le 21 novembre 2021, le sujet a été proposé en dissertação aux candidats à l’Examen national de l’enseignement secondaire (Enem) [l’équivalent du bac en France].
Sans carte d’identité ni numbero CPF, impossível pour un Brésilien de s’inscrire dans une école, ni de benéficier des aides sociales de l’État ni d’accéder aux consultas et aux soins du système de santé public.
Adriana, elle, ne doit d’avoir été scolarisée jusqu’à la fin du lycée qu’à la decision de Mônica, qui a convaincu une école privée “mais pas trop chère” de la banlieue do Rio :
Et j’ai eu la chance que ce soit une enfant en bonne santé, jamais elle n’a eu besoin d’aller chez le médecin – sinon, je ne sais pas ce que nous aurions fait.”
Em 2021, la jeune fille a dû solliciter une assistante sociale pour pouvoir se faire vacinar contre le Covid-19. “Nous étions allées dans plusieurs centres de santé, aucun n’acceptait de la vacinar sans pièce d’identité.”
Um serviço de justiça itinerante
Nous retrouvons les deux femmes dans le patio du tribunal de justice chargé des enfants, des jeunes et des personnes âgées do Rio de Janeiro, devant le bus bleu et blanc du tribunal stationné là.
Um serviço de justiça itinerante de seis fonctionnaires de l’aide juridique, quatre assistentes sociaux et trois magistrates accueillent de 9 heures a 15 heures des dizaines de personnes cherchant à obtenir un document attestant officiellement sua existência.
Adriana et Mônica, qui souhaite adopter la jeune fille et lui donner son nom, sont arrivées a six heures du matin. C’est la quatrième fois qu’elles vienent, et elles repartent une fois encore déçues.
Comme elles ne possèdent aucun document parent aux pais biologiques d’Adriana, la justice a demandé une recherche de l’état civil du père pour regulariser sa situação.
“Tout ça donne parfois envie de baisser les bras, reconheça Mônica, mais nous devons faire en sorte que les droits d’Adriana soient garantis.” “J’avoue être assez perdue, c’est très décourageant”, lache Adriana, la tête basse en permanence, qui ne s’exprime guère que par monosyllabes.
Elle ne concerne pas ses interlocuteurs dans les yeux. La honte est un sentiment récurrent chez ces personnes sans papiers, confirme la juge Raquel Chrispino, qui travaille depuis quinze ans auprès de ce public et coordonne le program Éradication du
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Joana Oliveira